La fictionnalisation de soi dans le roman arabe Mhamed Dahi
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الكاتب: mdahi


 حرر في الأحد 09-11-2014 07:23 أ£أ“أ‡أپ


Au fil des années le concept d’autofiction est entré dans l’usage malgré sonambiguïté due essentiellement à sa polyvalence sémantique. Un nombre de critiques succombait à la tentation de le définir en précisant son statut générique. On peut, à titre d’exemple, citer quelques apports  afin de circonscrire  le statut de l’autofiction dans la scène littéraire arabe. Nous procéderons ensuite à l’analyse  de deux échantillons romanesques qui pourraient répondre à l’acception  large de l’autofiction. Lors de mon intervention au colloque « CultureS & AutofictonS » tenu du 19 au 23 juillet 2012 à Cerisy-la-Salle, j’ai insisté sur la conception restreinte du concept désigné.


1- Regards critiques :


Rachid Benhadou, chercheur et critique, a précisé dans sa communication « Entre ce qui est Moi et ce qui ne l’est pas » ([1]) que Mohamed Berrada a qualifié son ouvrage Comme un été qui ne reviendra pas d’autofiction eu égard à son écriture qui se trouve à la limite de deux registres différents et s’enlise dans une situation d’incertitude. Rachid Benhadou s’est appuyé sur les apports de Seges Doubrovsky , de Jean-louis Jeannelle  Catherine Viollet et Philippe forest  pour prouver que l’ouvrage de Mohmed Berrada  est régi par le pacte autobiographique ainsi que par le pacte fictionnel  et pour dévoiler le jeu contradictoire des pronoms personnels.


J’ai fait des communications dans diverses circonstances pour désigner un nouveau type d’écriture  ignoré de la critique et la poétique arabe. J’ai constaté au début que l’audience était émerveillée par  le néologisme « Takhiél Thati » qui le considère comme un vecteur pour notifier la production littéraire d’un type narratif archaïsant à un autre moderne. Mais le public présent ne savait rien de son identité et de son historique. Au fil des années, les critiques ainsi que les poéticiens, les essayistes , les auteurs et les étudiants commençaient à s’intéresser au concept d’autofiction essayant de cerner son territoire et d’ancrer son statut générique dans la littérature arabe . J’ai publié une série d’articles et d’études ([2]) dans les journaux, les revues et les sites web visant à sensibiliser le lecteur arabe au nouveau né et dégager les principaux traits qui le caractérisent et le distinguent de l’autobiographie. J’ai encore consacré un chapitre à l’autofiction dans mon livre intitulé Vérité ambiguë ([3]) où j’étais contraint, dans le volet théorique, de remonter à la source du mot  et de suivre son évolution à travers des étapes décisives en retraçant les différents sens qu’on lui a prêté.  Dans le volet pratique, j’ai étudié un échantillon d’œuvres qui répondaient aux conditions requises et pu dégager quelques traits spécifiques qui pourraient distinguer l’autofiction d’autres genres voisins.


Hassan lachguar, chercheur et critique, a précisé dans son ouvrage Systèmes de l’autofiction , de la mémoire et de l’autobiographie dans le nouveau roman arabe ([4]) que la nouvelle écriture romanesque a bousculé les traditions littéraires et les horizons d’attentes et bouleversé le lecteur habitué  à un type de texte  eu égard aux traits de modernité qui la caractérisent. Il a étudié un corpus si varié que riche pour appréhender la relation confuse entre le factuel et le fictionnel. Parmi les remontrances  qu’on peut avancer au chercheur :


Il ne s’est appuyé sur aucune référence d’autofiction.


Il parlait d’autofiction en tant que type d’écriture qui réunissait l’univers imaginaire et l’expérience personnelle dans le même cadre. Mais il n’ a pas procédé à distinguer l’autofiction des genres voisins et notamment le roman personnel et l’autobiographie.


Il  a  rassemblé dans le corpus des œuvres qui  ont des traits communs (récit personnel, rétrospectif, factuels et fictionnels). Mais cela nécessite une étude méticuleuse pour les distinguer en fonction de leurs identités génériques et  leurs spécificités esthétiques.


Dans son ouvrage Variation du genre dans le roman arabe ([5]) Ahmed El Madini (critique et romancier) a étudié un corpus de romans algériens et tunisiens qui pourraient répondre aux conditions et aux exigences de l’autofiction. Il les a redéfinis et identifiés en les introduisant dans la catégorie des récits autofictionnels. Ce qu’on pourrait lui reprocher :


il ne s’est basé, lui aussi, sur aucune référence d’autofiction. Mais il parait, vu sa résidence à Paris depuis longtemps, qu’il est au courant de débats et controverses suscités autour du néologisme.


Il assignait à l’autofiction  des critères d’appartenance à l’autobiographie fictive qui rassemblait l’incertitude identitaire et le témoignage personnel.


Il met confusément les différentes œuvres dans la case de l’autofiction malgré  qu’ une grande partie relevait plutôt du roman personnel ou de l’autobiographie.


Grâce à ces critiques l’hypothèse générique de Serge Doubrovsky se diffusait par tous les supports médiatiques et attirait de plus en plus les chercheurs qui s’intéressaient à cette figure. Plusieurs étudiants l’avaient pris pour sujet d’étude


3-Ibrahim l’écrivain :


Ibrahim Elmazinie (1890-1949) a contribué , en compagnie de ses homologues et compatriotes égyptiens Mohammed Hussein Haykel (1988-1956) ([6])et Taha Hussein (1889-1973)([7]) , a ancré le roman artistique au sein de la société arabe ([8]).  Dès le début de son roman « Ibrahim l’écrivain »([9])  l’auteur prit l’initiative de se distinguer de son héro. Il précisait également les circonstances qui l’ont incité à écrire ce roman. Rencontrant une journaliste autrichienne, il lui a raconté ce qu’il a écrit en prétendant que c’était une copie conforme à sa vie personnelle. Elle a été surprise en réfutant sa présomption dont il faisait preuve. Elle qualifiait son entreprise de fiction.


Elmazini a attribué à son héro, qui porte son prénom (Ibrahim) et assume son statut public (Ecrivain) un rôle fictif pour raconter sa vie  affective  et émotionnelle. De ce fait, il a eu le courage et l’audace d’exprimer ses fantasmes et ses passions dans un milieu conservateur. Il était contraint de relater son histoire au nom d’un personnage fictif. Il a voulu, par ce fait, éviter d’être inculpé de porter atteinte aux valeurs morales.


Elmazini prouve qu’il est catégoriquement différent de son héro malgré quelques ressemblances d’ordre physique. « Je n’ai pas envie de vous avouer que je ne suis pas Ibrahim sur lequel se focalise le roman. Je n’admire ni son parcours ni son humeur ni ses pensées ! J’ai eu le remord de le créer de la sorte. S’il avait été guignol je l’aurai détruit et pulvérisé. S’il avait été ami j’aurai rompu toute relation avec lui.  Il accueille la vie avec fierté, quant à moi je me sens si triste vis-à-vis d’elle. Il est passionné par la philosophie par contre je considère tout philosophe comme un être écroulé et lamentable. Il est difficile et orgueilleux. En contre partie je suis tolérant et modeste. Il est têtu, quant à moi je suis souple. Il est antipathique par contre je suis sympathique. Il est exaspéré par contre je suis guai… Nous ne partagions que peu de ressemblance. Nous sommes tous les deux laids et petits. J’ajoute à cela un autre aspect de dissemblance. Je suis boiteux et j’espère m’en débarrasser  et je serai heureux de l’avoir avec de cette défaillance» ([10]).


Contrairement à ce qu’il dit dans cette séquence son malaise physique l’a comblé de souffrance et de frustration. Il était la cause de son isolement, de son mécontentement et son ironie. Il éprouvait énormément de difficulté pour communiquer avec la femme. Il a avoué qu’il n’ a aimé qu’une seule femme dans sa vie entière . c’est sa mère bien digne d’amour et  vénération.


Dans la séquence su-citée il voulait par le biais de l’imaginaire rejeter les mauvais attributs qu’on lui assignait réellement et prouver qu’ il est un homme communiquant suscitant l’admiration et l’estime. Il ne partage avec son homologue que peu de traits physiques qui ne pourraient échapper à personne. (Petitesse et laideur). En faisant tomber son héro en disgrâce, il a voulu idéaliser l’image de soi, compenser ses frustrations et masquer la vérité blessante.  On peut en déduire qu’il  a une double personnalité : celle qu’il dissimule et l’autre qu’il assume.


Ibrahim a tissé des relations affectives avec trois femmes. La première (Marie) était moderne. Les deux autres étaient conservatrices. Elles s’appelaient respectivement Chouchou et Leila. Toutes ces relations se sont soldées par l’échec à cause de son comportement moral. Il était bouleversé, caractériel et névrosé. Il sentait au début qu’une force irrésistible l’attirait à sa  dulcinée. Au fil des jours, il commençait à lui exprimer sa profonde répugnance. Dès qu’il rompait avec l’une, il se retrouvait lié à une autre.


On peut déduire de cet ouvrage les traits autofictonnels suivants :


1- Déguisement : L’auteur a porté le masque d’un héro fictif pour manifester ses fantasmes, compenser ses frustrations et se livrer aux plaisirs de la vie. S’il racontait l’histoire en se référant littéralement à lui-même, il risquerait d’être attaqué et critiqué par les conservateurs qui avaient dénigré le roman et refusé son ancrage dans la société arabe. Ils le considéraient comme un vecteur  de dépravation des mœurs et la corruption des valeurs.


Elamzini a choisi cette stratégie d’écriture pour prouver qu’il y a diverses  formes  et manières  de parler de soi. Il a chargé  son héro de se concentrer sur un volet de sa vie personnelle concernant ses relations avec les femmes. Ce qui est important dans les diverses liaisons, ce n’est  pas la véracité ou la fausseté des événements racontés mais les multiples passions de bonheur ou de déception qui ont marqué la vie d’Ibrahim ( le fictif ou le vrai) dans différentes circonstances.


2- Paradoxes : L’art a permis à Elmazini d’exorciser son passé, de chasser ses malheurs et ses douleurs .Il a ancré en lui, dans son entreprise imaginaire, une autre personnalité. Une personnalité dotée des attributs attrayants dont il s’est vanté en se démarquant  de son homologue. Malheureusement il se heurte à des attitudes contradictoires qui dévoilaient sa double personnalité. Ibrahim qui a été virilement critiqué au début du roman devient, pour lui au fil de la narration, un personnage digne d’amour, de respect et d’admiration.  Dans le même sens  Elmazini a consacré l’avertissement ([11])  de son roman « TbrahimII »  pour attirer l’attention du lecteur sur sa ressemblance avec l’héro. Il a précisé qu’ « Ibrahim II » est une copie conforme « d’Ibrahim l’écrivain ». Puis, il cite l’un des ses poèmes où il se vante qu’il deviendrait l’autre en se substituant entièrement à lui. Elmazini se sentait très content parce que l’autre garderait ses traces en lui garantissant une vie éternelle.


3- L’égocentrisme : Il a dédicacé son roman a lui-même. Aucune personne ne méritait l’estime et l’admiration plus que lui. Cela prouvait qu’il était égocentriste en se mettant en relief sur son amour-propre. Il voulait, par le truchement de la fiction, parvenir à satisfaire son soi , le combler de joie et de complétude et jouir des bonheurs de la vie.


4-Subjectivèmes ([12]) : Elmazini a réfracté , dans diverses séquences, sa philologie de la vie , ses attitudes envers les traditions littéraires et ses engagement affectifs à l’égard de l’autre sexe. Les critiques arabes lui ont reproché la fréquence des méta-textes en abondance. Ce qui  l’a guidé a troquer son style connotatif et soutenu pour un style dénotatif et banalisé.


3- Signe de l’entrain juvénile :


Malgré sa notoriété dans le domaine critique, Abdelkader Chaoui n’inscrit aucun indice sur la couverture précisant  le statut générique de son ouvrage « signe de l’entrain juvénile »([13]). Cela est dû, peut être, qu’aucune dénomination favorable ne s’est présentée à  son esprit. Cette absence a suscité beaucoup de critiques essayant d’assigner à l’entreprise le statut générique convenable.


L’auteur a essayé de brouiller l’acte autobiographique en faisant intervenir dans son univers diégétique des éléments fictifs et méta- fictifs. Ce faisant, il a voulu réfuter toute référence au vrai et toute identification du sujet énoncif et du sujet énonciatif que présuppose le pacte autobiographique.


L’auteur a réparti son entreprise en deux parties désignées comme suit : les camarades et le discours redondant / rectificateur.


La première partie  est présentée comme  «  récit rétrospectif en prose qu’une personne réelle met l’accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l’histoire de sa personnalité »([14]). Le narrateur présente ses expériences vécues. Les événements les plus vifs se déroulent à  Tétouan (et surtout au lycée Kadi Ayad, aux locaux de l’union Mohammadi des chants religieux et l’association de la renaissance islamique) où le narrateur ( enfant) fréquente des lieux qui contribuent à l’illuminer intellectuellement. Et grâce aux apôtres religieux, il commence à prendre conscience des concepts islamiques et à s’enthousiasmer pour leur défense et leur propagation.


Des intérêts communs, l’unissent à de nouveaux camarades  (Ahmed Berham, Elhassan Bensalah et Abdelazize Elweryachi) dans leur cause : la vénération des figures religieuses éminentes, la réception massive de la culture islamique, l’organisation des activités culturelles , le recrutement de nouvelles volontés..


A l’université de Rabat (branche de philosophie), il approfondit ses relations avec des étudiants originaires du nord du Maroc. Grâce à l’activité et au militantisme de L’union des étudiants du Maroc, il s’imprègne profondément du marxisme-léninisme en contradiction avec ses anciens principes et devient militant dans des mouvements de gauches illégales.


Vers la fin de la première partie, on se rend compte que les qualités intellectuelles du narrateur gagnent davantage de notoriété. Il est alors invité par des associations pour exposer sur des thèmes relatifs au développement et au changement. A force de défendre l’idéologie marxiste, il finit par irriter un auditeur qui s’est exprimé en ces termes : « ce sont des idées importées » puis se met à expliquer le sens de l’importation sur un ton ironique «  Monsieur le conférencier se prend pour un orateur à Radio Moscou »p63.


Dans  la deuxième partie  le narrateur nous provoque par son titre  présenté sous forme diptyque et qui est à cet égard très significatif :


Récapitulation : le narrateur procède à réparer les «  énormités » et à corriger les « irrégularités », qui sont dûes à une narration mensongère. Il revient aux événements de la première partie pour les raconter autrement en insistant sur le vrai et en écartant le faux.


Discours redondant : le narrateur ressasse les mêmes événements et revient à ses antécédents.


Le narrateur reprend les mêmes faits de la première partie en comblant les lacunes. A son arrivée à Rabat, il a occulté systématiquement ses séjours chez son oncle, son engouement pour Khadija et sa liaison forte avec Rachid Elwaddani. En redressant ses fautes et refondant des textes antérieurs. « Au début de l’hivers je me suis fixé dans une maison modeste à proximité du marché aux puces. Affectation et simulation ! Un mensonge crû, sans plus. A vrai dire. la maison avait une vue sur le marché aux puces. Derrière se trouvait Chicago que la maison surplombait et il fallait emprunter les ruelles labyrinthiques pour y entrer » p74.


Dans cette perspective quatre indices autofictionnels sont inhérents à l’œuvre :


1-l’invraisemblance :


L’auteur a déréalisé en part sa présentation et son histoire personnelle en renforçant l’invraisemblance ([15]) pour contester la visée autobiographique de la première partie. Cela est dû essentiellement à l’engendrement des pseudo-souvenisrs, des simulacres des relations affectives et des expériences fugaces et inexistantes. Le narrateur, conscient des ces choix artistiques, intervient de temps à autre pour susciter le doute et l’hésitation chez le lecteur et le prier à ne pas prendre son entreprise au sérieux. Le lecteur devrait être vigilant et incrédule pour éviter de tomber dans les pièges tendus par le narrateur dans diverses séquences narratives . « Il peut aussi bien être victime d’une illusion (penser qu’elle est fictive quand elle est véridique, ou croire qu’elle est vraie alors qu’elle ne l’est pas » ([16])


2-Effets pervers :


L’ouvrage est caractérisé par des effets pervers procédant d’une description poétique du réel. Ces effets mêlent habilement les données réels et imaginaires et perturbent le fonctionnement de la représentation, nous rendant ainsi plus méditatifs sur la fonction poétique du langage.


3-l’anti-représentation :


L’auteur donne une impression d’ensemble que son texte communique authentiquement ses expériences vécues à travers des espaces divers et dispersés. A la fin de la première partie , il déclare que les événements diégétiques sont triés (une enfance sélective) et empruntés (histoire artificielle). L’oblitération des souvenirs anciens, la correction des abus de la mémoire, contradictions internes  utilisation de doute, les anachronies narratives, tous ces procédés sont communs à encourager les astuces et les manœuvres de la représentation littéraire du monde qui embrouillent les fils de la narration. D’une autre manière elle visent « à faire passer ce qu’elles obtiennent (une représentation) comme conforme à ce qu’elles ne sont pas (la réalité) » ([17]).


L’éclatement :


Le récit s’éclate en fragments numérotés ou sous-titrés qui se regroupent au cours de deux histoires s’entrecroisant soit dans le sens centrifuge (rectification des faits discordants et confus) soit dans le sens centripète (renforcement de la redondance du texte pour garantir son homogénéité) : l’une concernant les expériences vécues par le narrateur durant sa maturité, l’autre afférente à ses expériences antérieures.  La fragmentation du récit a pour corollaire la parcellisation du monde représenté et l’embrouillement des souvenirs.  Dans le même sens l’auteur s’est appuyé sur une épigraphe  empruntée  à Arthur Miller « Au fil du temps » 1988) pour se situer par rapport à d’autres projets d’écriture qui qualifient la compréhension des illusions humaines en tant que processus d’appréhender  la logique de l’illogique ([18]).


En guise de conclusion :


On a choisi deux échantillons   qui sont contradictoires mais complémentaires. L’une brouille les indices autobiographique pour renforcer  le pacte  fictionnel ( Signe de l’entrain juvénile). L’autre brosse, à l’intermédiaire des faits inventés, un portait de soi ( Ibrahim l’écrivain). Malgré les différences des cultures et des circonstances, les deux écrivains utilisent  différentes formules ( la dédicace , l’épigraphe, l’avertissement, l’absence de l’indication générique, le méta-texte..) pour se démarquer de l’autobiographie classique et renouveler l’écriture à vocation personnelle.


Le terme d’autofiction nous a permis de redéfinir et nommer des textes qui ne sont pas conceptualisés en tant que tel. Faute de s’en renseigner soigneusement, les critiques arabes n’ont pas pu cerner un corpus favorable et pertinent  qui pourrait faciliter leur tâche pour appréhender  un type nouveau de l’écriture du moi. Ils qualifiaient les textes d’autofiction en se basant essentiellement sur le critère de « tissage aventureux » du biographique et du fictif, du réel et de fantasmatique ([19]). Le terme d’autofiction a besoin d’études exhaustives pour  légitimer son existence et son identité et dégager les traits  pertinents qui le caractérisent. Ce que nous exceptons tous.


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[1] - à la ville de Tétouan au 27 Janvier 2000 dans le cadre des activités culturelle de la ligue des littéraires marocains. Le texte a été repris dans un livre collectif, publication dela Faculté des  Lettres et des Sciences Humaines (Université Abdelmalek Essaadi) et dans le livre Esthétique de l’entre deux dans le roman arabe, publication du Club du Livre Marocain , 1 édition,2011.




[2] - «  Autofiction :l' identité du concept et le paradoxe » in  Le roman marocain et la problématique des types narratifs , Actes du colloque scientifique national organisé par le groupe de recherche du projet PROTARS3 Université Ibn Tofail, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines , Kenitra , les 14/25 Avril 2008, pp70-107-«  Le paradoxe autobiographique dans «  Le Mausolée » d'Abdelgani Aboulaazme in  Recherches lexicologiques , lexicographiques , philologiques et littéraires , Publication de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Ain Chock, Université Hassan II, Casablanca,2009, pp473-494
-Arnaud Genon -«  L'écriture de soi comme réticence  » trad Mohamed Dahi, le supplément culturel de Alitihad Alichtiraki (Unions des socialistes),  n° 9639, 26 novembre 2010.
- «  l'écriture et l'espoir » dans «  Qui dit c'est Moi » (Autofiction) d'Abdelkader Chaoui, le supplément culturel de Alitihad Alichtiraki (Unions des socialistes),  n°9764 22 Avril, 2011.
- «  Conflits des miroirs  dans  « Vies avoisinantes  » de Mohamed Berrada, revue Kitabat Moâassira (Ecritures Contemporaines),n°80, Beyrouth, 2011, pp110-114.
- «  L'autofiction dans la littérature maghrébine », Propos recueillis par Arnaud Genon, autofiction .org, le 27-08-2009, parution sur le site Fabula, parution en deux parties dans les pages «  Culture » du quotidien L'Opinion vendredi 25-09/ et vendredi 2-10-2009.
-L'intégralité de l'entretien a été traduite par Mohamed Ellouizi,  Aljarida Aloula  ( Le Journal  primordial ) , n° 430, 9-10-2009,p9




[3] - Publication Almadariss, 1 édition 2007 ( préfacé par Abdelkader  Chaoui).




[4] - Imprimerie rapide, 1 édit ; 2010. 




[5] - publication de  Dar alaman, Rabat, 1 édition,2012.




[6] - Il a écrit le premier arabe ayant proprement dit des caractéristiques artistiques en 1914 à Paris où il était pour continuer ses études en sciences juridiques.




[7] - Critique arabe, essayiste et romancier de grande renommée ( Il a été désigné Doyen de la littérature arabe. Il a écrit son autobiographie  à la troisième personne en trois tome. Les deux tomes ont été traduit sous le titre Le livre des jour. Le troisième sous le titre La traversée intérieure, (al-ayyâm), Paris : Gallimard, 1947. Préface d'André Gide.




[8] -Le premier roman datait de 1856. Mais avant le mûrissement du roman arabe depuis la parution du Zineb  il avait pour vocation le divertissement et l’apprentissage.




[9] - Il l’a écrit en 1925 et l’a publié en 1931. En 1945 il a publié le deuxième tome sous titre « Ibrahim II ». on se rendait compte, à travers l’ouvrage de Abdelmouhssin Taha Badr  L’évolution de roman arabe moderne en Egypte (1870-1938)  Dar Amaafif, 3éd ,1976., que l’écrivain  EIbrahim Elmazini a préfacé  la première édition de  son roman (1931) pour exprimer ses intentions . Malheureusement le préface a été supprimée de la deuxième édition sur laquelle nous appuyons, série la mémoire des livre n° 18, Caire ,2000.




[10] Cité par Abdelmouhssin Taha Badr , L’évolution du roman arabe moderne, op.cot p347.




[11] -Ibrahim Elmazini, IbrahimII, Dar Almaarif, Le Caire, 1943,p7.




[12] -ensembles de manifestations de la subjectivité  dans le texte: traits affectifs, adjectifs axiologiques, verbes subjectifs.. voir, KERBRAT-ORECCHIONI, C. 1980. L’énonciation de la subjectivité dans le langage. Ed.  Armand Colin, Paris,84.




[13] - Abdelkader Chaoui , Dalil Al-Onfouane ( Signe de l’entrain juvénile), Le Fennec, 1988.




[14] -Philippe Lejeune : le pacte autobiographique, poétique n°14,1973,p138.




[15] -  dans le sens que Vincent Colonna lui a donné dans  sa thèse de doctorat «  Pour notre part, on emploiera cette notion dans un sens étroit, descriptif et uniquement de façon négative. Sera considéré comme invraisemblable tout élément diégétique en contradiction avec ce qu’enseigne une sémantique de l’expérience  quotidienne. Tout écrivain voulant faire apparaître clairement la ficionnalité d’une histoire où il joue un rôle , cherchera à la déréaliser ; à le rendre invraisemblable , en introduisant des données inexistantes , contradictoires ou fausses par rapport à la réalité physique et culturelle » , L’autofiction (essai sur la fictionnalisation de soi en littérature), Tome II, Doctorat de l’E.H.S.S, 1989. Directeur : Monsieur Gérard Genette, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris , France, p210. 




[16] - Voir les niveaux de vérité. Michel Mathieu-Colas « Récit et vérité » in Poétique, Seuil, n°80, 1980,pp388-389.




[17] -Jean Ricardou «  L’écriture en classe’ pratiques, n°20, 1978,p34.




[18] - quand  l’auteur m’a dédicacé son ouvrage  lors de son apparition il a insisté, dans sa mention manuscrite, sur  ses souvenirs «  illusoires »




[19] - Lecarme &  Eliane Lecarme tabone, L’autobiographie, Armand Colin,Paris, 1997,p277.






     

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